Paris est une ville de lumière, mais aussi une ville avec une vie nocturne intense. Notre promenade débute donc ici, Place Pigalle, haut lieu des soirées parisiennes.
1ère Partie : Nous allons paresseusement grimper vers la Butte grâce au « Montmartrain ». C’est l’occasion d’une première approche guidée qui va durer une vingtaine de minutes. Nous descendrons au « Sacré Cœur ».
Lorsque
l'on visite Montmartre, il faut avoir le temps. Nous allons à peine
survoler ici quelques endroits méconnus des visiteurs. Il y a tant
à découvrir dans ce quartier qui ne veut pas dévoiler
tous ses secrets. Montmartre, tout en se cachant, regarde docilement la
ville de Paris du haut de sa colline.
Les rues calmes et paisibles de Montmartre contrastent avec l'agitation du reste de la ville. Son cadre est pourtant bien loin de nous rappeler que nous sommes en plein Paris. Cet endroit qui pourtant n'était qu'une commune, une mini-république indépendante annexée à la ville de Paris en 1860. Cet esprit d'indépendance, Montmartre semble vouloir toujours le conserver.
En raison de la lumière des hauteurs
et surtout de la modicité des loyers, la Butte fut colonisée
par les artistes à partir du 19e : on pouvait y croiser Corot, Géricault,
Renoir, Degas, Cézanne, Max Jacob, Apollinaire, Juan Gris, Vlaminck,
Braque, Picasso etc. Au 20ème s., Maurice Utrillo l’immortalisa
dans son œuvre. Aujourd’hui, les peintres des rues prospèrent dans
ce quartier où subsiste l’atmosphère du Paris d’avant-guerre.
La majestueuse basilique du Sacré-Cœur est sans nul doute le symbole de Montmartre. En 1870, en pleine guerre, Alexandre Legentil et Rohault de Fleury, deux notables parisiens, désiraient la construction d'une basilique en haut de la butte. Les travaux ont commencé en 1876 et terminés en 1923. Le style architectural néo-roman-byzantin (style pâtissier) ne fait pas l'unanimité mais il fait partie désormais des monuments préférés des parisiens. Paul Abadie est à l'origine architecturale de la basilique. |
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Ce qui frappe, c'est la blancheur de l'édifice. En effet, il a été utilisé un calcaire qui ne retient pas la poussière. Ainsi, le soleil met en exergue les hauteurs et les précisons de la basilique, faisant briller d'un vif éclat les splendeurs du site. |
Nous allons vers l'endroit le plus touristique
de Montmartre :
La Place du Tertre. (là
Office du Tourisme)
On
y trouve des marchands de souvenirs, des cafés et des dessinateurs
qui ne manquent pas de vous interpeller pour vous dessiner le portrait.
En 1635, des arbres furent plantés sur cette place, et les amendes
étaient sévères pour celui qui les abîmait.
En 1871, 171 canons furent rassemblés sur la place. Ayant pour ordre
de les retirer rapidement, le général Lecomte ne put s'exécuter
à temps. Le fait de vouloir retirer les canons de la place du Tertre
souleva une émeute qui allait être à l'origine d'une
guerre bien connue sous le nom de "Commune".
Il est temps maintenant d’aller « Déjeuner » dans un Bistro sympa.
La « Mère Catherine » était en 1814 l’un des restaurants préférés des Cosaques. Ils avaient l’habitude de frapper sur les tables en criant « Bistro ! » (« Vite » en Russe) – d’où le nom.
Prochains rendez-vous :
· 14h45 en bas du
funiculaire à la fin de la 2ème partie de la balade
· 16h : Place Blanche
(face au Moulin Rouge)
2ème Partie
: environ 1 km
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Descendre la butte le long du petit
jardin de la Place Jean-Baptiste Clément.
Par la Rue de la Mire, tourner à
droite dans la Rue Ravignan.
Descendre l’escalier qui nous ramène Rue Ravignan.
Tourner à gauche dans la Rue
des Abbesses jusqu’à la place des Abbesses.
Au 21, l’Eglise Saint-Jean l'Evangéliste
Ce
projet d'église en béton armé fut choisi pour la modicité
de son coût. Il fut long à terminer (1904) à cause
des entraves de l'administration qui n'accordait aucune confiance au béton,
pour la première fois utilisé dans une église, mais
encore recouvert de briques.
Sur la place, ne manquez pas la station de métro conçue par l’architecte Hector Guimard. Avec sa marquise en fer forgé et ses verres de lampe, c’est l’une des rares entrées de métro de style Art Nouveau subsistant à Paris.
Le « Mur des Je t’Aime
», place des Abbesses, dans le square Jehan Rictus, est construit
sur une surface de 40 m2 à partir de 511 carreaux en lave émaillée.
Les éclats de couleur sur la fresque sont les morceaux d’un cœur
brisé, celui d’une humanité qui trop souvent se déchire
et que le mur tend à rassembler.
Au
fond de la Place prendre la rue Yvonne le Tac ensuite la Rue Tardieu pour
arriver au pied du Funiculaire.Les japonais sortent leur appareil photo
….
C’est ici le rendez-vous
de 14h45 en vue de la distribution des tickets pour remonter au Sacré
Cœur.3ème
partie : environ 1,5 km
Par la Rue Saint Eleuthère, rejoindre la Place du Tertre.
L’Espace Montmartre y rend hommage
à l’éclectisme de Salvador Dali.
De là, prenez la rue du Mont-Cenis.
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La
rumeur des touristes se fait plus pressante. On a l'impression qu'ils ont
soigneusement évité de visiter les quelques ruelles que nous
avons parcouru ensemble.
Même le gigantesque château
d'eau (1927) de la rue du Mont-Cenis ne semble pas attirer leur regard
outre mesure. C’est là que l'on trouve toute l'histoire de Montmartre.
Nom qui proviendrait de "mons mercurii" (Mont de Mercure) ou encore de
"mons martis" (Mont de Mars). Mais l'abbé Hilduin au 9ème
s, pour servir sa cause, entretient la légende : Montmartre vient
de "mons martyrium" (mont des martyrs) à cause du martyre que saint
Denis et ses compagnons subirent à mi-hauteur de la butte. La rue
du Mont-Cenis était un chemin de procession où l'on y trouve
la plus vieille église de Paris construite entre 1133 et 1147 :
L'église
Saint-Pierre de Montmartre. Le compositeur Berlioz, propriétaire
d'une maison dans cette rue au numéro 22, en 1834, y trouva son
inspiration musicale.
Montez jusqu’à la rue Cortot
.Celle-ci
suit l'extraordinaire vigne montmartroise qui cultive bien
plus que du vin : sa tradition.
Le Clos de Montmartre : En 1929,
les habitants (menés par Francisque Poulbot, dessinateur du gamin
pauvre montmartrois du même nom) ouvrirent un square sur l'ancien
jardin d'Aristide Bruant pour empêcher la construction d'un HLM.
On y planta une vigne qui donne lieu depuis à la fête des
vendanges, pendant laquelle les 300 litres de vin sont vendus aux enchères.
Avant de devenir le Musée du Vieux Montmartre, les bâtiments du 12 rue Cortot, plus vieil hôtel de la Butte, abritèrent bon nombre d'artistes.
En haut des marches, le Château
des Brouillards fait face à l'atelier de Renoir (n°6). C'est
ici un haut lieu de l'histoire montmartroise. Le château fut construit
en 1772 à la place d'une ferme et d'un moulin. Ici habita Gérard
de Nerval en 1846 qui pensait même acheter la vigne voisine, c’est
ici qu’il se suicida. Il fut l'un des plus beaux points de vue de Paris,
lorsqu'il n'y avait pas autant de constructions. Il servit également
de "maquis" dans son histoire. Mais vers 1850, il commençait à
se détériorer et il fallut le restaurer en 1926.
Le buste de la chanteuse Dalida impose
le respect et la tranquillité d'un Montmartre qu'elle a toujours
aimé.
Descendez les escaliers jusqu’à la rue Simon-Demeure, et tournez tout de suite à gauche dans un petit parc que vous traverserez pour rejoindre l’avenue Junot.
Au 13, les mosaïques ont été
conçues par l’illustrateur Francisque Poulbot, célèbre
pour ses dessins de gamins de rues, et pour avoir inventé un type
de jeu de billard.
Au 15, vécut le poète
dadaïste Tristan Tzara au début des années 20.
Remontez l’avenue Junot. En bas, s’ouvre
la Place Constantin-Pecquer. Gravir l’escalier en haut de la Place, suivre
à droite la tranquille allée ombragée qui longe le
Château des Brouillards. Tourner à gauche dans l’avenue Junot
et à droite dans la rue Girardon.
A
peine plus loin, nous allons sur la place Marcel Aymé, du
nom de l'écrivain français auteur de romans où la
fantaisie se mêle à la fiction comme avec l’œuvre"Le passe-muraille"
où les célébrissimes "Contes du chat perché".
Sur cette place se trouve la sculpture du Passe-Muraille, réalisée
par Jean Marais qui vient de nous quitter à l'âge de 85 ans.
L'acteur, sculpteur et poète est né en 1913 et sa vie fut
marquée par sa rencontre avec Jean Cocteau, avec lequel il échangera
des regards lascifs. Son début sur les planches, il l'a fait dans
la pièce de Oedipe Roi. Le film "Eternel retour" de Jean Delannoy
en 1943 marquait le véritable début de sa carrière
professionnelle. Il est immortalisé dans le film sublime et poétique
"La belle et la bête" de Jean Cocteau. Il n'abandonnera jamais le
théâtre et sa vie se construit de films, de sculptures tout
en incarnant cette image de beauté éternelle mêlée
à l'infinie sagesse d'un homme bouleversant de tendresse. Personne
n'oubliera "Le Cid" qu'il a interprété au théâtre
en compagnie de Francis Huster. En 1986 il déclarait:"On dit que
l'âge donne de la sagesse, mais la sagesse n'a rien à voir
avec le sérieux. Et j'ai pas envie de l'être!".
Prendre à droite dans la
rue Lepic.
A
l'angle de la rue Lepic et de la rue Girardon, le restaurant « Au
Moulin de la Galette » a conservé à son entrée
le « Moulin du Radet ». Dernier des trente moulins de
Montmartre, le Radet n'est plus en fait qu'une carcasse vide. Dans toute
l'histoire de Paris, le plus ancien moulin à vent date de1150 et
se trouvait sur la butte Copeaux , aujourd'hui lieu du jardin des Plantes.
Au 16ème siècle, un autre se trouvait à l'emplacement
des arènes de Lutèce. Mais bien d'autres se dressaient dans
la ville à cette époque-là. La ville grandissante,
il devenait plus intéressant de les mettre en hauteur sur la butte
Montmartre.
Continuez rue Lepic : à droite, au sommet de la pente, se trouve le moulin de la Galette.
Esseulé,
le Moulin de la Galette se dresse encore fièrement, affirmant
ainsi sa dignité face à l'Histoire qui a détruit presque
tous les autres moulins à vent. Il faut vouloir le chercher dans
cette rue Lepic au tracé irrégulier. A cet endroit, il y
avait de nombreux moulins dès le 16ème siècle. Servant
à moudre le blé, presser les vendanges, concasser les matériaux
nécessaires aux manufactures, ils étaient également
un but de promenade pour les parisiens. Le Moulin de la Galette est actuellement
la propriété de la famille Debray. Il a conservé intact
son mécanisme intérieur et la petite habitation aménagée
dans son pied en maçonnerie. mais il n'est pas classé! Pierre
Auguste Renoir a peint en 1876 "Le bal du moulin de la Galette". Il est
le seul tableau qui « illustre de façon aussi claire les objectifs
de l'impressionnisme ». Le bonheur, dans sa plus simple expression,
fait de joie et de beauté imprègne l’œuvre. Jeux de lumières
et de mouvements, ce tableau précède celui de Van Gogh en
1887 avec « Les jardins de la Butte-Montmartre ». En toile
de fond, les moulins mettent en avant leur souveraineté sur la butte.
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Ici a habité Jean-Baptiste Clément, auteur de la chanson "Au temps des cerises" écrite à Bruxelles en 1867 et dédiée "à la vaillante citoyenne Louise, ambulancière de la barricade de la rue de la Fontaine-au-Roi". Dans cette même rue, au numéro 54, résida Vincent Van Gogh avec son frère Théo, au troisième étage de 1886 à 1888.
Poursuivez jusqu’à la place Blanche sur le boulevard de Clichy.
A
droite se trouve l’un des music-halls les plus célèbres du
quartier, le Moulin Rouge.
A la fois restaurant et cabaret, il
entretient cette tradition du French-cancan mise en musique par Offenbach.
Il est la vitrine des "gaîtés parisiennes", que Toulouse-Lautrec
se complaisait à dessiner.
Les nuits blanches des parisiens ont-elles donné le nom de la place sur laquelle nous sommes actuellement ? En fait non, la Place Blanche était un passage pour les carrières de plâtre de Montmartre. Les va-et-vient incessants des voitures chargées de plâtre blanchissaient les façades et les chaussées. La place blanche était "celle des plâtriers". C'est ici que se trouve le Moulin-Rouge depuis le 19ème siècle.
Notre promenade se termine donc ici, sur la place Blanche où le car nous attend à 16h précises.