La Grand-Place de Furnes vient d’être reconstruite. Pourtant, on se croit toujours dans une ville espagnole. La majestueuse «  Furnes espagnole » est embellie par l’exubérant art décoratif flamand. On n’y trouve pas deux pignons identiques.

L’Hôtel de Ville, avec son élégante double façade, date des 15e   et 16e  siècles. Deux siècles plus tard, ce bâtiment gothique fut occupé par les officiers espagnols qui en firent leur quartier général. Leur garnison défendait la ville, tête de proue dans la lutte contre les Français.
Dans ses salles aux murs tapissés de cuir de Cordoue, on peut admirer, entre autres, des mobiliers des 17e et 18e siècles, des portraits des archiducs Albert et Isabelle et de la « Jeune Fille de Furnes », une peinture de Paul Delvaux, ainsi qu’une haire en poil de chameau  rappelant une tradition annuelle. On y voit aussi un portrait du héros ingénieux de l’état-major de l’armée des alliés qui, en 1914, suggéra d’inonder la plaine de l’Yser.

Face à l’hôtel de Ville, se dresse la Landshuis. L’architecte a visiblement été inspiré par l’Hôtel de Ville d’Anvers. Ancien siège de la « Kasselrij » qui administrait les communes environnantes, elle abrita plus tard le tribunal. Aujourd’hui, les touristes y trouvent des informations sur la riche ville artistique.
 

Face au Pavillon espagnol, dans la Ooststraat, l’ancienne Halle aux Viandes a été transformée en bibliothèque.

 

Mais la Grand-Place n’est pas la seule curiosité. Derrière les façades de style Renaissance, s’élèvent les formes monumentales de deux églises gothiques.
 

L’industrie drapière et le commerce avec l’Angleterre ont apporté une grande prospérité à Furnes aux 12e et 13e siècles. Mais, pendant la Guerre de Cent Ans, cette ville a été durement touchée par la crise économique. On  mesure les conséquences de ce déclin à l’église Sainte-Walburge. Elle n’est que la moitié de ce qu’elle aurait dû être ! Les tours prévues du côté ouest n’ont jamais été achevées. L’église n’a pas non plus été terminée. Au début du siècle, une partie en style néogothique adapté a été ajoutée. Les ruines restaurées de la tour du parc donnent une idée de l’ampleur du projet.
 

L’église Saint-Nicolas est un exemple typique d’une église-halle gothique de Flandre occidentale. Elle est de conception plus modeste.
 

 Depuis 1644, des centaines de pénitents traînent chaque année de lourdes croix à travers les rues de Furnes. Le personnage du Christ est le plus impressionnant, ployant sous une croix pesant 40 kilos. Dans un habit monacal sombre, avec une coiffe rugueuse sur la tête, les pénitents suivent pieds nus le cortège de superbes chars sur lesquels sont représentées des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament.
 

Les habitants de Furnes sont parfois appelés avec humour les « Dormeur ». Dans le parc municipal, l’œuvre en pierre naturelle « Le Banc du Dormeur » évoque ce surnom.
 

Le 15 août, à Furnes, on remonte presque 100 ans en arrière. Une fête rétro évoque la vie rurale et artisanale de la ville flamande au début de ce siècle. Des scènes réalistes et exubérantes comme la joyeuse entrée de Léopold II remplissent le parc municipal et les rues environnantes d’une agréable nostalgie. Et bien sûr, les délicieuses odeurs de biscuits et « babeluttes » contribuent à la fête.



 

Francine Palmaers