Les côtes de Bretagne Nord sont souvent plus majestueuses, plus imposantes qu'en Bretagne Sud, par leur aspect sauvage, la masse et la hauteur des roches et des falaises et l'ampleur grandiose des paysages.
Saint Briac est une paisible station balnéaire non loin de Dinard. Plusieurs artistes l'ont assidûment fréquentée dans les dernières années du XIXème siècle. Paul Signac y séjourne en 1884 et revient fidèlement tous les étés jusqu'en 1890, période pendant laquelle il maîtrise ses recherches sur la touche pointilliste. Henri Rivière commence à Saint Briac ses premières planches de bois gravés des Paysages Bretons. Lejeune Émile Bernard arrive à l'instigation de Signac en 1886, et revient l'été les cinq années suivantes ; à l'auberge Lemasson il couvre bientôt les murs de sa chambre de bretagne-peintures à thème religieux. A Saint Briac il entreprend ses premiers essais de cloisonnisme avant de se rendre à Pont-Aven rencontrer Gauguin et créer avec lui le synthétisme où le sujet devient le support de l'idée La vie paysanne au rythme des saisons, les foins ou la cueillette dans la campagne de Saint Briac sont ses thèmes préférés d'inspiration.

Ploumanach, avec ses chaos de granite rose, est un des plus beaux et attachants sites de Bretagne. On comprend l'attirance qu'elle exerçait sur les peintres, accentuée dirait-on par les châteaux de contes de fée qui se dressent parfois sur les îlots ou les pointes. Maurice Denis est le plus célèbre artiste du lieu ; il s'installe en 1908 à la villa Silencio à Perros-Guirec et intègre dès lors les amas de rochers, la mer et les vagues dans ses compositions, peint sa famille sur la plage, les bateaux de pêche et l'animation du port, ou s'inspire des grandes étendues de sable des proches grèves de Plestin comme cadre de scènes symbolistes. II réalise aussi un Chemin de Croix pour la chapelle Notre Dame de la Clarté. Face à Bréhat, l'île aux fleurs au micro climat privilégié, la presqu’île autour du grand port de Paimpol, entre le Trieux et la large baie de Saint Brieuc, a aussi attiré bien des artistes par ses paysages grandioses et ses villages préservés comme sont le petit port de Loguivy ou Ploubazlanec à l'émouvant cimetière des Terre Neuvas. Sérusier, inspiré par le paysage fascinant des flots à l'entrée du Trieux, a réalisé de ce site plusieurs études où l'influence des estampes japonaises est particulièrement sensible. Maxime Maufra, qui préfère habituellement la Bretagne Sud et Quiberon, fait plusieurs séjours sur la côte Nord Près de Paimpol, à la pointe de PIouézec, il réalise un superbe ensemble de dessins des falaises de la crique de Bilfot dont il s'inspirera ensuite pour une eau-forte. Lors d'un séjour à St Jean du Doigt il exécutera une merveilleuse composition symboliste du cimetière de Plougasnou, le village voisin, ainsi qu'une toile sur une crique dans les falaises : ce tableau vigoureusement charpenté est laissé volontairement à l'état brut sur son pourtour par l'artiste qui veut concentrer son expression.

Les faneuses bretonnes
1892
Emile Bernard

La visitation bretonne
1897
Maurice Denis