LES ENCLOS PAROISSIAUX
En pays de BRETAGNE, mort et résurrection sont liées, tout comme l'espace de circulation entre le monde des vivants et des morts au centre du bourg : c'est l'enclos paroissial. La Basse Bretagne et le Finistère tout particulièrement, ont conservé un grand nombre d’enclos. 

Un enclos c'est un ensemble avec :
-son mur d'enceinte et sa porte triomphale, 
- son église avec son porche sud,
- son ossuaire,
- son calvaire

LES CALVAIRES
Le mot calvaire provient du latin calvarium, traduction de l'araméen golgotha voulant dire lieu du crâne. Ainsi, le calvaire est un monument qui commémore la crucifixion sur le Golgotha. Tout monument qui représente au moins trois personnages présents au Golgotha pourra être appelé calvaire. 
On ne considère pas comme suffisante la seule représentation du Christ, ce monument est alors considéré comme une « croix ». 
Le petit calvaire : le petit calvaire comporte les trois principaux personnages présents au Golgotha : le Christ, Saint Jean et la Vierge.
  Le moyen calvaire : En plus du Christ, de Saint Jean et de la Vierge, on trouve sur le moyen calvaire des personnages supplémentaires. Il peut s’agir de Marie Madeleine, de soldats romains ou des larrons. 
 

Le grand calvaire : Sur le grand calvaire on va trouver une représentation complète de la Passion, depuis l’arrestation au Mont des Oliviers jusqu’à la crucifixion.
Leur apparence est bien souvent issue de l'imagerie biblique traditionnelle, c'est à dire qu'ils sont vêtus de longues robes. Bon nombre d'entre eux sont également représentatifs de l'époque qui les a vu naître sous les doigts des sculpteurs.


Les personnages qui y sont  représentés sont souvent les mêmes : Marie, Joseph, les bergers, Jean, André et  Pierre les apôtres, ensuite Marie-Madeleine, les grands prêtres, les évangélistes

Calvaire de Pleyben

Le calvaire de Tronoën
Parmi les édifices religieux et architecturaux qui valent le détour en Finistère sud, il faut sans conteste indiquer celui de Tronoën.
Un site doublement précieux, puisqu'il compte une chapelle et un calvaire tous deux datés du XVème siècle, tous deux
prouesses de sculpteurs de pierre. Ils sont situés sur la commune de Saint-Jean-Trolimon.
Le calvaire est très imposant par sa taille, par la beauté de sa pierre sculptée et par son ancienneté. Les historiens le
considèrent comme le plus vieux calvaire breton.

LES CROIX
On appelle croix, non seulement une pierre monolithe et taillée, mais aussi celle qui va porter un Christ, crucifié ou glorieux. Le monument est le plus souvent, mais pas toujours, de petite taille.

Au revers ou contre le fût, on peut y trouver une Vierge à l'Enfant,des personnages ou une piéta. De tout temps l’homme a voulu laisser des traces d’évènements importants pour les générations futures.

LES OSSUAIRES
Incontestablement, les cimetières bretons du XXIe siècle figurent parmi les plus fréquentés, les plus fleuris... Et pourtant, il n'y a encore que quelques siècles, le concept même de cimetière existait à peine. La grande communauté des Trépassés avait alors sa place au cœur même du sanctuaire de la religion : sous les dalles des églises...
Il a fallu trois siècles pour que la Bretagne dans son ensemble se 
plie aux règles nationales en la matière, et accepte d'honorer ses morts "à la française" : dans l’enceinte de l’église. Mais les enfants morts sans avoir reçu les saints sacrements du baptême ou les étrangers au village, se voyaient enterrés à l'extérieur de l'église. Un sort peu enviable, la présence d'animaux de toutes sortes dans l'enclos paroissial conduisant alors fréquemment à voir des restes humains exhumés à la force d'un groin. Pour le repos éternel des âmes, la dernière demeure des corps ne pouvait décemment que se situer au plus près du lieu sacré : l'autel. Ainsi enterrait-on les corps sous les dalles des églises. Les plus fortunés se voyaient, moyennant finances, réserver une place de choix au centre de l'église, le plus près possible de l'autel, tandis que les classes les plus populaires étaient reléguées près des piliers... 
On imagine aisément les odeurs qui accompagnaient alors les offices, mais aussi la rapide saturation de ces "sépultures" communes. D'où la construction massive de ces ossuaires bretons, aujourd'hui connus comme joyaux touristiques, mais qui à l'époque servaient en fait de "greniers à ossements". La population du village participait alors à l'exhumation des crânes, pour les transporter dans l'ossuaire. Lorsque l’édifice se trouvait plein, tous les quarts de siècle environ, avaient lieu les « secondes funérailles » au cours desquelles les restes étaient enfouis dans une fosse commune.
A la moitié du XVIIIème siècle, ces ossuaires sont progressivement transformés, pour se voir reconvertis en chapelles ou même en écoles.
Malgré cette révolution des croyances et des pratiques, la Bretagne reste un cas à part où, si la Mort n'est plus personnifiée, elle tient encore une place majeure dans la culture de l'Ouest. En Bretagne, la culture de la mort demeure toujours plus riche qu'ailleurs. 
 

Ossuaire de Lanrivain

Ossuaire de Roscoff

LES PARDONS
Ce sont ces fêtes qui constituent souvent l'événement attendu durant toute une année. La messe et les processions sont les temps forts de cette manifestation. La Bretagne est connue pour être la "terre des pardons".

 

Fête religieuse et fête profane à la fois,  le pardon est un moment privilégié de la communauté paysanne bretonne : on y gagne des "indulgences", on y cherche réconfort et guérison, on s'y retrouve aussi entre parents et voisins.Les centaines de pardons et de saints bretons illustrent l'originalité de la piété bretonne.Le pardon est l'expression de la dévotion populaire à un saint particulier, le "patron" local à qui 'on demande grâce. Chaque année, le pardon rassemble les fidèles et les touristes qui viennent chercher le pardon de leurs fautes, exécuter un voeu ou demander des grâces. La messe solennelle est suivie ou précédée d'une procession ou bannières, reliques, croix, statues de saints portées par des hommes ou des jeunes filles parfois en costumes, suivis d'un cortège de pèlerins et prêtres chantant des cantiques en breton et litanies. 
Chaque pardon a une particularité qui le distingue.
-A Saint Jean, l’un des pardons annuels est consacré à la foire aux oiseaux.
-A Roscoff, à Ste Barbe, les femmes et les filles des matelots s’ imposent des pénitences pour le salut de leurs maris et pères. 
Elles se rendent à la chapelle, pieds nus et un cierge à la main.
-A Lanriwaré, sur la route de Saint Renan, les fidèles font, à pied ou à genoux, le tour du ciment des Sept-Mille-Saints. Il s’agit de faire le tour de l’église à nu-pieds ou à genoux.
Une grande diversité de pardons
Il y a les grand pardons, par exemple celui de Tro-breiz (tour de Bretagne), qui sont fort impressionnants et rassemblent des milliers de personnes et touristes.Le pèlerin doit, une fois au moins dans sa vie, suivre un itinéraire précis par des voies antiques reliant les tombeaux des 7 saints et des 7 évêchés. Jusqu'au XVIe siècle, il était de tradition  que tout breton qui faisait le Tro-Breiz était certain de gagner son paradis.
Les petits pardons, comme celui de St.Anne-de-Grapont à Surzur, sont moins spectaculaires, mais souvent plus fervents.

LA FONTAINE, UN ELEMENT SACRE
La fontaine, très fréquente près des chapelles, tient une place importante dans les pardons. On dénombre plus de mille fontaines sacrées en Bretagne. Elles tiennent une place à part dans les rites. On leur prête des vertus curatives pour presque tous les maux, de l'absence de lait aux amours malheureuses.
  Fontaine de Trebeurden