Poisson Djedje

Un poisson tout bariolé tout rond
Dans son bocal tourne carafon
Ses bulles font des monticules
Il voudrait les gravir et loin s’enfuir
Croiser une fois la pieuvre et ses tentacules
Ou le requin marteau martyre

Mais n’a qu’un seul horizon
Cette maudite télévision
Entre l’île de la tentation
Et les beuglements de l’eurovision
Alors il rêve d’un paradis
Celui des poissons pas frits

D’une Djedje un peu polissonne
Aux cils bavards mais pas buvards
Aux lèvres pulpeuses mais pas tueuses
Juste un brin cochonne disons friponne
Un coup de queue le propulserait à ses nageoires
Fond azur sable blanc pierres somptueuses

Le décor ainsi planté son rêve réalité
Les fonds marins coraux et divinités
Ouvrir cette boîte de conserve de merde
Pour enfin tourbillonner dans les algues vertes
Jouer parmi les ombres chinoises de l’hippocampe
Tirer les couettes à méduse allumer la lampe

Un bruit sourd le rêve se brisa 
Contre le bocal sale patte de chat
Il essaye de bouffer le poisson Djedje
Oui celui là même tout bariolé
Quel culot ces félins d’humain
Que l’on se rassure Djedje a bien pleuré
Mais dans ses larmes n’a pas réussi à se noyer

La mer n’a pas fait de vagues 
Si ce n’est celle de l’âme
Qu’on jette la chaussure à ce chat infâme
Qui d’un coup de patte tel un tag
A balayé ses illusions au réveil
A jamais marqué pauvre Djedje
Même quand il baille aux corneilles
Il se sent alors traumatisé