Oh oui, j’en ai voulu à mon vieux
De me dire : tiens-toi mieux.
Oh oui, j’en ai voulu à mon père
De ne pas me laisser faire
Tout ce dont j’avais envie.
Ce n’était pas une vie
De se faire engueuler tout le temps
Pour un peu, j’aurais foutu le camp
Comme disent les jeunes maintenant
Je me serais cassé
Sans scrupule je l’aurais laissé tomber.

Il était sur mon dos
Du soir au matin
Même quand je ne disais mot
Il prenait son air chagrin

C’est pas une jeunesse ça
De se faire commander à tour de bras.

Et puis un jour je me suis surpris 
A dire moi aussi :

Ne mets pas tes coudes sur la table
Ne te balance pas sur ta chaise,
Bon Dieu mais tiens-toi droit !
Chante autre chose que ces fadaises.

Le temps avait passé par là. 
A mon tour, on m’appelait papa.
J’avais le sentiment de ma responsabilité
J’avais le devoir de les éduquer

Et j’ai senti monter 
Une larme dans mes yeux
Quand soudain je me suis mis à penser
Que j’avais peut-être oublié 
De lui dire je t’aime 
A celui que j’appelais mon vieux.
 

Jean-Paul Brobeck