Les différentes Pâques

Traditions de l'ère préchrétienne
Fête chrétienne, Pâques incarne également de nombreuses traditions de l'ère préchrétienne.
En effet, certaines religions anciennes célébraient des fêtes se rattachant également aux phénomènes de renouveau. Pour les Grecs de l'Antiquité, la légende du retour de Perséphone (fille de la déesse de la Terre Démétère) des Enfers à la lumière du jour symbolisait la résurrection de la nature au printemps, après la désolation de l'hiver. De nombreuses peuplades de l'Antiquité partageaient des légendes de ce genre. Les Phrygiens croyaient qu'une fois l'hiver arrivé, leur divinité principale s'endormait. Ils organisaient ainsi, à l'équinoxe de printemps, des cérémonies alliant musique et danses, afin de la réveiller. La fête de Pâques incarne probablement la convergence de traditions d'origines diverses ; la plupart des spécialistes s'accordent cependant à souligner la relation existant à l'origine entre Pâques et la fête juive de Pessah. Les premiers chrétiens, qui avaient souvent été élevés dans la tradition hébraïque, tendaient à considérer Pâques comme une nouvelle version des fêtes de Pessah, destinée à commémorer la venue du Messie annoncée par les prophètes. 
printemps
Pâque juive et Pâques chrétiennes
deux fêtes de la Libération
L'orthographe des deux fêtes diffère, mais il reste de nombreux points communs. Nulle part, dans le Nouveau Testament, il n'est déjà question d'une fête chrétienne de Pâques, celle-ci n'ayant pris corps en tant que telle qu'au courant du second siècle. 
Le terme "Pâque" vient de l'hébreu "pessah" signifiant "passage" (venant lui-même du grec Paskha) et désigne la fête instituée par Moïse pour rappeler le passage de la Mer Rouge par les Juifs lorsqu'ils quittèrent l'Egypte.Survenant en général dans le courant du mois d'avril, cette fête doit rappeler la libération des Hébreux de l'esclavage d'Egypte vers le milieu du 2 e millénaire avant l'ère chrétienne. Les descendants de Jacob étaient alors devenus suffisamment nombreux pour former un peuple, le peuple d'Israël. Pessah est donc la naissance d'un peuple et son accession à l'indépendance.
Pendant les huit jours de Pessah, on ne peut consommer, ni posséder, ni mêmemoise utiliser un aliment "hamets". Un aliment est appelé "hamets" s'il contient, ne serait-ce qu'en quantité minime, des céréales fermentées.
Seront donc proscrits pain, pâtes, gâteaux, bière, produits à base de glucose, etc..., ainsi que tous mets préparés dans les récipients ayant contenu du hamets. Les barquettes casher (conformes aux prescriptions rituelles du judaïsme) ne seront donc pas consommées pendant Pessah.
Les deux premiers et les deux derniers jours sont strictement chômés au même titre que le Shabbat  (ou sabbat : jour de repos hebdomadaire - du vendredi soir au samedi soir - consacré à Dieu, dont la loi mosaïque fait à tout Juif une stricte obligation).
Des offices publics ont lieu dans les synagogues et les deux premiers soirs sont marqués par des repas familiaux (Séder) au cours desquels le chef de famille célèbre l'exode selon un culte domestique traditionnel.
Caractéristique de cette fête : consommation du pain sans levain dit azyme (ou matsa
Pâque :
agneauPour les Juifs du temps de Jésus, le fameux texte du chapitre12 de l'Exode est pris pleinement en compte. Bien qu'il s'agisse d'une fête, sans doute la plus grande de toutes, qui concerne "toute l'assemblée d'Israël", le texte en indique bien le caractère familial. On se réunit dans les  maisons   pour y manger un jeune agneau ou un chevreau rôti. Son sang, dont on peindra les encadrements des portes, servira de signe protecteur contre l'ange exterminateur.
Cette célébration commémore la fameuse nuit de la libération d'Egypte , quand le peuple, tout équipé pour partir en voyage, attendait dans la foi que se produise le dixième fléau qui ferait fléchir le pharaon d'Egypte et autoriserait enfin le départ. Ils passèrent grâce à Dieu à pied sec la Mer Rouge, mer qui pour eux est le symbole de la mort. Dans la Pâque, l'idée est reprise, il s'agit de passer d'un état à un autre, du péché à la vie. En signe de purification, ils s'enduisaient de cendres, symbole de pénitence et de désir de purification.
Le rituel des pains sans levain (les azymes) y est également incorporé avec la signification d'une   cuisine hâtive préparée dans la fièvre d'une libération qui arrive tout d'un coup, au moment où on ne s'y attendait plus.
Au cours des âges, la liturgie de la célébration s'était enrichie de nouveaux rituels. L'Exode disait que c'était le14 du mois de Nisan (le premier mois) que l'on mangerait l'agneau (Ex.12.2. et  6). Plus tard, on a fixé au13 le nettoyage des maisons, pour éliminer tout le vieux levain. Et le14, dès   le début de l'après-midi, les immolations ont lieu au Temple devant les pèlerins venus à Jérusalem vivre une solennisation collective.
Le sens est toujours, pour les fidèles, celui de leur propre incorporation à cette libération. Ils se  l'approprient par le souvenir . Tous ont été esclaves en Egypte et la nuit de Pâque les a tous libérés. 
Pâques :
Du latin Pascua , Pâques est pluriel depuis le XVIe siècle, époque à laquelle le singulier a désigné la fête juive et le pluriel la fête chrétienne.
La fête de Pâques est la plus importante des fêtes chrétiennes. 
christdali "Christ, notre Pâque, a été immolé"
Voilà comment les chrétiens (Catholiques, Orthodoxes, Protestants, Anglicans, Baptistes...) ont interprété cette fête (l Cor 5.7). On n'a pas manqué de constater que le crucifié du Vendredi saint expire vers midi, donc au moment où l'on commence au Temple à immoler les agneaux.
Dans le Nouveau Testament, Jésus est souvent identifié avec l'agneau, et surtout l'agneau pascal. Il y a en effet un parallélisme entre sa mort et celle de l'agneau pascal. Par le sang du Christ, le nouveau peuple de Dieu est libéré de la mort et peut entrer dans une vie nouvelle qui est la vie du Royaume de Dieu. En ressuscitant le troisième jour, Jésus le Christ a fait connaître la réalité de ce projet. Il est l'homme nouveau  (Col. 3.10) que l'on est appelé à devenir avec lui.
Ce souvenir de la Pâque est actualisé, dans la vie nouvelle du chrétien, par la participation à la Cène eucharistique. C'est pour lui donner cette signification-là que Jésus a choisi de l'instituer au cours de la célébration du repas pascal, avec les apôtres, dans la chambre haute. (La tradition le situe le Jeudi saint, mais un autre calendrier suggère, avec de bonnes raisons, le Mardi saint. Ceci ne change toutefois pas le sens).
Pour les chrétiens, il est donc établi que la mort et la résurrection de Jésus accomplissent la promesse contenue dans la sortie d'Egypte.
cene
La tradition chrétienne a repris la notion juive de pénitence pendant le temps de Carême, 40 jours de privation pour faire le vide en soi, se ressourcer, passage obligé vers la vie, la lumière. Et le passage aussi de l'Ancien au Nouveau Testament.
Célébration de Pâques
bapteme C'est vers le milieu du 2e siècle que  l'on perçoit les premiers indices d'une célébration chrétienne et annuelle de Pâques (célébration du Vendredi saint et du dimanche de Pâques).
Dans l'Eglise primitive, les catéchumènes étaient baptisés le jour de Pâques.
La Passion du Christ et son mémorial, la Sainte-Cène (ou Eucharistie), ne continuent pas la Pâque de l'Ancien Testament. Ils sont une Pâque nouvelle. L'agneau pascal désigne Jésus, la véritable victime offerte pour le salut du monde.
Deux aspects sont à dégager :
- c'est Dieu qui sauve, c'est une initiative divine
- le passage est avant tout intérieur, les rites sont secondaires.
Pour les Eglises primitives, Jésus assume l'Ancien Testament et l'accomplit.
La liturgie a toujours célébré Pâques comme le mystère de la mort et de la résurrection. C'est une fête joyeuse célébrant la victoire sur la mort.
 
La datation de Pâques
resurrection Selon le Nouveau Testament, Jésus fut crucifié la veille de la Pâque juive puis ressuscita d'entre les morts. Ainsi, la  fête de Pâques commémore la Résurrection du Christ. Au fil des temps, des divergences apparurent entre les chrétiens sur la date de cette fête. Les chrétiens d'Antioche célébraient  la Résurrection le dimanche suivant immédiatement la Pâque juive qui, en fonction du calendrier babylonier, correspondait au soir de la pleine lune au quatorzième jour du mois de Nisan, premier mois de l'année. 
Le concile de Nicée
pleinelune L'empereur romain Constantin  Ier convoqua le concile de Nicée en 325. Le concile décida que Pâques serait célébrée par tous les chrétiens le premier dimanche après le pleine lune qui suit l'équinoxe de printemps. Si la pleine lune avait lieu un dimanche et coïncidait avec la fête de Pessah, Pâques devait alors être célébrée le dimanche suivant. On évitait ainsi que Pâques et Pessag soient fêtées le même jour.
Le concile de Nicée décida également que la date du calendrier attribuée à Pâques serait calculée à Alexandrie, qui était alors le principal centre astronomique du monde. Il fut cependant impossible de déterminer la date exacte, le problème majeur concernant l'épacte, c'est-à-dire le décalage existant entre l'année solaire et l'année lunaire. La principale difficulté posée par le calendrier résultait du décalage croissant entre l'année astronomique réelle et le calendrier julien en vigeur à cette époque. Le calendrier julien, toujours d'application dans l'Eglise Orthodoxe notamment, accuse un retard de13 jours sur le calendrier grégorien. Les Orthodoxes célèbrent donc Noël le 7 janvier. 
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Nouvelles méthodes de datation
Les méthodes pour calculer la date de la fête s'avérant insatisfaisantes, la célébration de Pâques se fit donc à des dates différentes dans les diverses parties du monde. Vers 455, l'Eglise de Rome adopta le système de calcul proposé par l'astronome Victorius, qui avait reçu mission d'Hilaire,  archidiacre du pape Léon le Grand (saint Léon), de réformer le calendrier et de fixer la date de Pâques. Le refus de l'Eglise d'Irlande d'adopter les changements proposés déboucha sur un important conflit avec Rome au VIIe siècle. 
La réforme du calendrier julien en 1582  par le  pape Grégoire XIII, qui conduisit à la mise en place du calendrier grégorien, contribua à faciliter l'adoption de la date de Pâques, ainsi que l'organisation de l'année ecclésiastique. Depuis 1752, date à laquelle le calendrier grégorien fut également adopté par la Grande-Bretagne et l'Irlande, Pâques est célébrée le même jour dans toute la partie occidentale du monde chrétien. 
icone Cependant, les Eglises orientales,  qui n'ont pas adopté le calendrier grégorien, commémorent  Pâques le dimanche qui précède ou qui suit la date à  laquelle se conforme l'Occident. Ces dates peuvent occasionnellement  coïncider.Les deux cas les plus récents se sont produits en 1865 et en 1963. (L'écart de dates peut aller jusqu'à un mois).
Le calendrier julien, toujours d'application dans l'Eglise Orthodoxe notamment, accuse un retard de13 jours sur le calendrier grégorien.
Les Orthodoxes célèbrent donc Noël le 7 janvier. 
Il fut maintes fois envisagé de remplacer la date mobile de la fête de Pâques (et par conséquent des fêtes qui en découlent) par une date fixe, comme Noël. Le problème fut soumis en 1923 au Saint-Siège qui n'opposa aucune objection de principe à cette proposition de réforme. En 1928, le parlement britannique promulgua une mesure autorisant l'Eglise d'Angleterre à commémorer Pâques le premier dimanche suivant le second samedi d'avril. Toutefois, Pâques  reste, jusqu'à aujourd'hui, une fête mobile qui oscille entre le 22 mars et le 25 avril. 
De la date de Pâques dépendent dès lors celles de toutes les autres fêtes mobiles du calendrier, depuis le Mardi gras jusqu'à la Fête-Dieu.
calvaire

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